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L’association Sanâbil, qui vient en aide aux détenus musulmans, bientôt dissoute

par Redaction

Une procédure de dissolution a été lancée ce jeudi 27 octobre contre l’association Sanâbil, le ministre de l’Intérieur a également gelé les comptes de cet organisme.

6 ans aux côtés des détenus et de leur famille

Inaugurée officiellement en 2010, Sanâbil a pour dessein de venir en aide aux détenus musulmans, d’alléger leur souffrance ainsi que celle de leur famille. Elle vise également à « sensibiliser la communauté musulmane quant à ses devoirs vis-à-vis de leurs frères et sœurs incarcérés. » En 2012, nous avons rencontré l’une des membres de l’association qui nous a livré les détails de leur champ d’action :

« Nous écrivons beaucoup de courrier à des détenus Musulmans en France et dans le monde entier, ces lettres sont copiées à la main ce qui pour ceux qui les reçoivent est un rayon de soleil dans le quotidien carcéral. […] Nous intervenons également auprès de certaines familles de détenus qui sont dans des situations très difficiles, se retrouvant avec des dettes, des frais d’avocat à payer, nous leur procurons des colis alimentaires et les aidons au paiement de leurs factures. « Sanabil » tente de maintenir les liens familiaux, certains détenus sont à des centaines de kilomètres de chez eux et leur proches ne peuvent assumer les frais de déplacement pour leur rendre visite. »

Aujourd’hui, 750 bénéficiaires seront privés de cette aide suite à l’appel de dissolution de l’association, suspectée « d’agissements en vue de provoquer des actes de terrorisme en France ou à l’étranger ». Sanâbil a fortement démenti ces accusations à travers un communiqué :

[box type= »shadow » ]Sanâbil entend contester fermement ces accusations, lourdes de conséquences pour les 750 détenus bénéficiaires, et qui jettent le discrédit sur le travail accompli jusqu’ici par ses très nombreux bénévoles qui l’ont fait vivre. L’objet de Sanâbil est d’apporter un « soutien moral et spirituel » aux détenus musulmans qui en font la demande, par l’envoi de courriers et de petites sommes d’argent pour les plus indigents. La majorité des bénéficiaires sont des détenus de droits communs répartis dans plus de onze pays à travers le monde.

L’objectif qu’elle poursuit est la réinsertion des détenus et il n’entre pas dans son objet d’adopter un traitement différencié des personnes qui la sollicitent en fonction du motif de leur condamnation.

Ses activités s’effectuent dans la plus grande transparence dès lors que l’administration pénitentiaire contrôle l’ensemble des courriers préalablement à leur distribution. A ce jour aucun écrit, aucun don, n’a été signalé par l’administration compétente comme étant susceptible de tomber sous le coup de la Loi pénale ou de caractériser un quelconque prosélytisme. Par ailleurs, à ce jour, les dirigeants de l’association ne font l’objet d’aucune poursuite judiciaire.

L’association s’émeut de la décision du Ministre, d’autant plus qu’elle a systématiquement condamné les actes de terrorisme par la voix de ses dirigeants. Elle ne peut que déplorer cette décision qui s’inscrit dans le cadre d’un état d’urgence prolongé de plus en plus dénoncé par les organisations non gouvernementales.

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Un soutien sans faille 

L’hashtag #JeSoutiensSanabil a été lancé en soutien à l’association qui a reçu de nombreuses lettres de la part de proches de détenus mais également des mails de personnes incarcérées à qui Sanâbil apporte son aide :

« En les empêchant de faire, vous faites taire une voix contre l’islam radical. Je suis incarcéré et puisque c’est ma situation je suis bien placé pour savoir ce qui se passe quand des Musulmans qui sont incarcérés n’ont pas d’issue positive […] »

Bruno Vinay, l’avocat de Sânabil, s’est également insurgé face à cette décision et entend défendre l’association pour qu’elle puisse regagner ses droits :

« Cette mesure est injustifiée et ne se fonde sur aucune preuve. Elle est uniquement nourrie par le climat actuel de suspicion généralisée. Le plus regrettable est qu’elle contribuera à l’isolement des personnes prises en charge par l’association pour précisément les sortir de leur radicalisation. »

Affaire à suivre.

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1 commentaire

Luc DAVIN 1 novembre 2016 - 18 h 08 min

Sur quels éléments se fondent ces suspicions ?

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