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Belgique : 10 propositions pour améliorer la place de l’islam

par Redaction

Actuellement en Belgique, un projet vise à favoriser la formation d’imams belges au détriment des imams venus de l’étranger. L’idée est également d’apporter les valeurs de la culture belge aux futurs imams. En marge de ce projet, un groupe de personnalités belges influentes livre ses propositions.

Donner une dimension européenne

Le projet lancé par le vice-président de la fédération Wallonie-Bruxelles, pour lequel il a nommé une commission, doit permettre la mise en place d’un curriculum universitaire visant à former des imams, des aumôniers, des professeurs de religion islamique ou encore des cadres associatifs qui vont ajouter à la connaissance de la religion la connaissance de la Belgique et de sa culture. Parallèlement à ce projet, Ismaël Saïdi (comédien, auteur de Djihad), Tewfiq Sahih (enseignant, fondateur du think tank « Pensée d’islam en Belgique »), Zehra Günaydin (doctoresse, membre du précédent EMB) et Michael Privot (islamologue et directeur de l’ENAR European Network Against Racism aisbl) ont rédigé une liste de 10 propositions visant à donner une dimension européenne à ce projet et ainsi permettre au mieux l’exercice de l’islam dans tout son ensemble en Europe.

Des propositions concrètes et réfléchies

Selon ce « groupe de pensée » le temps n’est pas à l’économie sur la réflexion, et il est important d’y consacrer un maximum d’énergie. Voici leur propositions :

  1. Arrêt de l’ouverture et de la construction de toute nouvelle mosquée préalablement à l’établissement d’un « plan urbanistique-mosquée » au sein de chaque commune avec une population musulmane suffisamment importante. Chaque commune devra cartographier les mosquées existantes, leur répartition géographique, leur fréquentation les vendredis, les quartiers à forte densité de population musulmane et explorer, en concertation avec les communautés musulmanes locales, les endroits où de nouvelles mosquées pourraient être installées, avec le soutien des autorités locales, en cas de saturation des mosquées existantes, en favorisant l’implantation de mosquées « de quartier » visant à éviter les déplacements urbains et interurbains inutiles.
  2. Obligation imposée à toutes les mosquées d’être reconnues par l’Etat endéans les 5 prochaines années sur base d’un cahier des charges précis énumérant leurs droits et devoirs. Chaque mosquée devra procéder à l’établissement d’une « communauté islamique locale » (équivalent de la fabrique d’église) avec un statut juridique indépendant, et soumise, comme toute organisation, au dépôt des comptes et à leur audit indépendant. Elles veilleront à ce que leurs conseils d’administration soient paritaires entre hommes et femmes. Toute mosquée qui ne sera pas en règle sera fermée par les autorités. Toute mosquée qui n’aura pas commencé le processus de reconnaissance sera fermée par les autorités compétentes.
  3. Sur base d’un plan d’investissement négocié, pour chaque mosquée, avec la Province en Wallonie et Flandre et la Région à Bruxelles, la collectivité contribuera au financement des travaux nécessaires à la mise aux normes des bâtiments en matière de sécurité incendie, d’hygiène, d’isolation, d’économie d’énergie et d’accessibilité pour les personnes moins valides. Les mosquées devront obligatoirement être ouvertes aux femmes, en leur offrant les mêmes conditions de confort matériel que pour les hommes. Devenues ainsi lieux publics, les mosquées devront être ouvertes à toute personne musulmane ou non qui souhaiterait assister à l’office ou visiter les lieux. Ce financement devra se faire ex-ante et permettre ainsi aux musulmans d’obtenir des lieux de culte agréables et dignes.
  4. Obligation pour les imâms de délivrer les prêches du vendredi dans la langue de la région où ils se trouvent. Il est inacceptable qu’après plus de 50 ans d’une présence importante de musulmans en Belgique, les prêches ne puissent être communiqués dans nos langues nationales. Pour les imâms déjà reconnus, une période de transition sera instaurée au cours de laquelle ils auront pour obligation de compléter leurs connaissances avec examen de validation. Les prêches seront obligatoirement diffusés en live stream sur le site web des mosquées de telle sorte qu’ils soient accessibles aux personnes qui ne peuvent se rendre à la prière ainsi qu’à toute personne intéressée par le contenu des messages délivrés. De la sorte, les imâms seront obligés d’améliorer la qualité et le niveau de leurs prêches, tout en fournissant une offre de discours constructive.
  5. Obligation pour les imâms d’être détenteurs d’un grade académique ou équivalent dans des domaines pertinents pour leur fonction. Pour les imâms déjà nommés qui ne pourraient démontrer un tel parcours, une période de transition sera instaurée pour permettre leur mise à niveau, en coordination avec l’EMB. En attendant la publication et la mise en œuvre des recommandations de la Commission Marcourt, un moratoire sera appliqué quant à la nomination de tout nouvel imâm, en particulier des imâms « importés », et ce tant qu’un tableau d’équivalence des diplômes, un système efficace de test linguistique et un module de formation aux réalités politico-sociales de la Belgique ne seront pas mis sur pied. Les nouveaux imâms seront désignés par l’EMB en fonction des spécificités de chaque communauté islamique locale.
  6. Mise en place rapide d’un projet de « mosquée pilote » par région qui serviront de centre de diffusion du renouveau d’un islam pacifique, inclusif, égalitaire et œcuménique. Ces « mosquées pilotes » seront caractérisées par une présence paritaire des femmes dans l’auditoire ainsi qu’au Conseil d’administration. Elles seront des lieux de vie inclusifs de toute la diversité de l’islam. Les prêches diffuseront et contribueront à l’articulation concrète de cet islam européen conciliant vie spirituelle épanouie et inclusion au cœur de la Cité.
  7. Adoption par l’EMB d’une charte interne quant au respect de toutes les tendances et options théologiques et juridiques, passées ou contemporaines, existant au sein des communautés, sans jugement de valeur, dans le cadre de la reconnaissance de mosquées, des imâms (hommes etfemmes), des aumôniers ainsi que du contenu des cours de religion islamique. L’EMB n’est pas l’Exécutif des sunnites malékites ou hanéfites de Belgique, mais des musulmans dans l’ensemble de leur diversité, qui doivent être également respectés dans le cadre de la gestion du temporel de leur culte.
  8. Mise sur pied par le Ministère des Cultes d’un fonds dédié à la production de traductions et de vulgarisations de qualité de traités en sciences islamiques classiques et contemporaines pour renforcer l’offre disponible sur le marché belge, présentement extrêmement limitée et d’un niveau déplorable. Le fonds serait géré conjointement par l’EMB, le Ministère des Cultes et des universitaires spécialistes de l’islam en provenance des trois communautés linguistiques de notre pays.
  9. Mise sur pied et financement de programmes d’échange internationaux entre mosquées et instituts universitaires islamiques promouvant activement le développement de pensées islamiques contemporaines, ancrées dans leurs contextes nationaux respectifs (par exemple : Bayan Claremont de l’Université Claremont Lincoln et le Zaytuna College (USA), Université d’Etat Islamique Syarif Hidayatullah (Indonésie)).
  10. Mise en place d’un volet général d’histoire des religions au sein du nouveau cours de citoyennetéproposé dans les écoles. Il montrera la contribution effective de toutes les grandes religions et philosophies à notre héritage désormais commun. Cela participera au renforcement d’un sentiment d’appartenance à une identité européenne commune à tous les jeunes élèves, comme fondation nécessaire au développement de politiques de « faire-ensemble » favorisant l’inclusion au lieu de l’exclusion.

Ces propositions concernent avant tout la Belgique mais d’importants points ressortent et sont applicables au reste de l’Europe comme par exemple les notions d’organisation entre les mosquées, d’organisation entre les mosquées et l’Etat ou encore de l’enseignement de l’histoire de l’islam dans les écoles. Il est évident que la cohésion entre les musulmans et l’organisation de sa structure facilitera le quotidien des fidèles et leur rapport à l’Europe. Un seul mot est important à retenir : l’union.

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