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Halal ? Mais encore…

par Redaction

Consommer halal est une condition importante et nécessaire. Peut-on alors dire aujourd’hui que nous y sommes appliqués et impliqués ou nous contentons-nous de rester à la surface des choses et des prescriptions sans vraiment exiger plus que le strict minimum ?  Le penser autrement et de manière globale peut sembler parfois une démarche complexe quand de l’intérieur comme de l’extérieur l’imagination le conditionne comme un simple geste d’abattoir.

Halal ? Oui, mais encore ? 

Quand une certaine France effrayée cherche des excuses au sein des consommateurs de viande halal, quand dans les cantines il faudrait imposer la fin des menus de substitution, quand les « signes ostentatoires » sont visibles jusque dans les assiettes des employés, des enfants ou de quiconque réclame son droit à la différence gastronomique (surtout les musulmans en fait), ces consommateurs trop exigeants sont perçus dans le même temps comme un immense marché potentiel, encore en développement.

Revenons alors un instant sur le halal et ses bases, en osant des questions qui se posent de plus en plus parmi les musulmans, soucieux de la « qualité religieuse » mais également de l’éthique véhiculée par leurs produits de consommation.
Nous avons souvent vu des appel au boycott – à juste titre d’ailleurs – sur bon nombre de produits: produits israéliens (dattes, Sodastream, produits de beauté…), produits issus du travail des enfants, des tests sur les animaux ou encore certaines productions qui mettent en danger les Hommes ou la Nature. C’est ici  le caractère éthique d’une consommation islamique qui place le respect de la Création au centre des comportements des consommateurs.
Il s’agit alors de toute évidence d’une certaine opposition à une société de consommation aveugle où seuls les profits comptent au détriment de tout le reste.

Les conditions du Halal, que penser de la nourriture industrielle ? 

Ces conditions sont a minima au nombres de 3 pour la viande  :

1) que l’abattage ait été pratiqué par un musulman, un juif ou un chrétien ;
2) que l’animal ait été abattu en ayant été saigné ;
3) que le Nom de Dieu ait été prononcé.

Il ne s’agit aucunement d’entrer dans une polémique sur le caractère halal ou non d’un abattage rituel en abattoir, avec ou sans imam, mécaniquement ou à la main ou par je ne sais quel procédé. Il faut de toute évidence, au lieu de semer la division, faire confiance à ceux qui, honnêtes prennent la responsabilité de décider et produire du halal. L’analyse suivante n’engage alors que celui qui la pense comme une oeuvre personnelle et ceux, qui en l’abordant peuvent adhérer à certains arguments proposés.

 

Plusieurs réflexions peuvent alors apparaitre.
Qu’en est-il de l’animal sacrifié, de son bien-être de son vivant comme lors de l’abattage ? Les hadiths – faits et propos rapportés du Prophète de l’islam – prônant le respect des animaux durant leur vie jusqu’à leur mise à mort sont nombreux.
Si la lame qui va servir à trancher la gorge de l’animal doit lui rester cachée jusqu’au dernier moment, est ce par hasard ? La qualité entame-t-elle par ailleurs le caractère halal ?
J’ai eu l’occasion de discuter avec une personne végétalienne et ses arguments ont fait écho en moi. De manière argumentée et très clairement justifiée, il lui était impossible de consommer des aliments qui seraient issus d’un asservissement des animaux au profit des Hommes, avec violences et maltraitances, même mineures.  Ni oeuf ni lait ni bien sur de viande dans ses repas. Pour ma part, et malgré la pertinence de son argumentaire j’affirmais que toutes ces bonnes choses à notre disposition ne le sont que pour que nous puissions en profiter et que c’est rendre Grâce à Dieu que de les consommer de manière éthique.
Seulement voilà, j’usais un peu d’hypocrisie car finalement en y réfléchissant bien : où est l’éthique sinon dans la formule rituelle qui tranche le dernier souffle de l’animal ?

Quand nos poulets les moins chers sont jetés depuis poussins sur des tapis roulant pour les conduire dans des cages trop étroites,  élevés ensuite dans le noir toute leur trop courte vie, gavés de traitement pour éviter les maladies et les faire grossir plus vite. Quand avant leur dernière heure, ils seront de nouveau jetés en cage puis aspirés par la chaîne d’abattage, pendus par les pattes.
Et les bovins ? Ce n’est pas mieux… Les médications sont aussi nombreuses, les conditions de vie, de transport et d’abattage indigne de notre éthique également…
Les vaches à lait ? Entassées dans des hangars, elles sont traitées pendant toute leur vie comme de véritables machines et épuisées, elles iront à l’abattoir au bout de 5 ou 6 ans alors qu’elle peuvent vivre 20 ans dans la nature.
Le poisson ? Péchés par millions de tonnes au détriment de la Nature qui, de plus en plus tôt dans l’année n’arrive plus à renouveler POUR NOUS ce que nous lui volons sans pudeur.
Les exemples sont nombreux, les réalités parfois bien trop violentes et nous ne nous indignons que sporadiquement quand une vidéo est relayée sur internet et nous renvoie face à nous même, alors que nous ne le sommes que rarement dans les rayons de nos supermarchés.
Théoriquement, tout ce que nous consommons devrait donc répondre à des exigences globales de responsabilité et de bien être pour nous comme pour l’ensemble dans lequel nous évoluons. Il nous est interdit de couper un arbre si cela n’est pas une nécessité absolue ; nous avons également l’obligation claire et précise de  traiter tous les êtres vivants avec miséricorde et de la meilleure des manières, ceux que nous abattons comme ceux qui partagent avec nous la Terre qui ne nous appartient pas.

Comment agir ?

La liste des défaillances face à tout ça est longue, interminable, et nos décisions semblent bien anodines.
Nous sommes pourtant capable de changer les choses à notre échelle, de proposer et d’exiger de la qualité et de la transparence. Nous voulons du halal et il semble alors que, concernant la viande,  les 3 conditions primordiales ne suffisent pas ou plus dans des sociétés de surconsommation comme les nôtres. Car consommer halal c’est aussi consommer ETHIQUE ET RESPONSABLE, par respect pour soit comme pour la Création.

Chacun fera alors selon ses moyens et sa conscience pour agir de la meilleure des manières. En favorisant les commerces de proximité, en consommant des produits de saison, en exigeant de son boucher (et des autres) de la qualité plutôt que de la quantité, en refusant les filières qui pourraient proposer des aliments en désaccord avec les principes auxquels nous nous référons, soit par danger pour notre santé, pour notre environnement, ou les deux…

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1 commentaire

redha 28 octobre 2015 - 21 h 05 min

salam alaykom katibin
apportez-moi la preuve en ce qui concerne abbatu par juif ou un chretien

baraka oufik

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